Je courais pieds nus sous les pins. Avant ça, j'étais allé me baigner dans l'océan. Le sel de l'eau et celui de ma sueur (c'est le même) me piquait les yeux.

Une goutte, puis d’autres : la pluie s'est mise à tomber. Pas une pluie d'eau ; une pluie de résine — brune, visqueuse, lourde et sucrée.

Sous l’averse, j'ai continué à courir. J'étais de plus en plus lourd. Je voulais que rien ne s’arrête.

Le sable grumelait autour des cratères. Lambeaux de fougères, échardes de bruyère. Un pic noir a chuté, roulé, s’est relevé ; gluant, sale, effrayé.

Bien sûr, ça a faibli, jusqu’à finir. Le monde miroitait. Je me suis allongé sur le dos. Mon poitrail s’élevait, s’abaissait. J’observais l'envers de la canopée : les aiguilles, les pignes, les branches grises, les taches de ciel. J'espérais que la gangue résineuse cristallise autour de moi. Et que je ne puisse plus jamais bouger.


24 août 2025