Un rocher. Un éclat de roche. Un rocher dans un désert composé d’éclats de roche. Des rochers. Des rochers et ce sol pulvérulent s’insinuant dans toutes leurs aspérités. Farine à perte de vue. Parfois, elle se compacte et croûte. Rien ne pousse, rien ne vit. Rien. Il arrive que le vent fasse basculer, que la pluie ravine. Ce n’est même pas le bon terme pour parler de ce qui s’abat depuis les cieux. La lumière varie peu. Elle oscille autour du crépusculaire.
Si l’on se place à côté du rocher, on devine la Barre Rocheuse posée sur l’horizon. Des nuages se déchirent dessus. La foudre lézarde. C’est cette montagne que nous avions repérée. Particularité géologique absolument unique. Absolument — unique. Nous pensions que le minerai serait là. Nous avons creusé et il n’y avait rien. Un peu d’argent, même pas de combustible.
Alors que les autres repartaient, j’ai récupéré un éclat de roche et j’ai pataugé dans le désert.
Lorsque je ne fais rien, je pense à cette pierre, seule dans son désert. Au vent qui la couvre de poussière, à la mélasse qui lui tombe dessus, la façonne. J’ai agi sur l’univers en déplaçant ce rocher. Ce geste n’avait aucune finalité. Personne d’autre que moi n’aurait pu le réaliser, ni prévoir qu’il arriverait.
Un rocher dans un désert.
7 avril 2025
à partir de l’atelier d’écriture de Laura Vasquez du samedi 5 avril, avec Niviaq Korneliussen.