C'est un feu. Une flamme coloriée à la craie grasse (je crois ? je n'y connais rien ; j'apprécie pourtant me balader entre les rayonnages des magasins de Beaux-Arts, mais plutôt côté argile il est vrai). Du jaune en fond, de l’orange, du rouge. Quelques lignes glauques pour les zones de combustion plus oxygénées. En s'approchant du ciel, on distingue les dépôts de matière sur le grain du papier. Ils figurent parfaitement les escarbilles qui s’échappent d'un feu de bois pour finalement s'évanouir en cendres dans une nuit noire.
C'est mon ami Romain Bourguet l'artiste derrière ce dessin. Il est bon. J'avais entendu parler de lui avant de le rencontrer : plusieurs amis en commun. À la même époque, on m’avait aussi raconté l’histoire d'un appartement ayant pris feu, d'un colocataire photographe dont le triacétate de cellulose des pellicules avait nourri l'incendie plus que de raison. Des années plus tard, j'ai compris que c'était Romain qui vivait avec le photographe. On s'est entendu dès notre première rencontre (je crois ? il faudra le lui demander : @romainbourguet).
Son feu brûle sur fond blanc — une feuille à dessin au grammage on ne peut plus classique. On sent qu'elle a jailli en une poignée de secondes. Romain a par la suite peint une série de feux sur fond noir ; des petits formats. Quand il m'a invité à son atelier pour les voir, je lui ai parlé de son appartement. Il m'a répondu qu'il n'avait pas fait le lien. J'ai trouvé ça prodigieux.
L'hiver, j'aime presque toucher les braises de mes pieds dans l’âtre de la cheminée. Je n'ai jamais assez chaud. Je mange du pain, des pâtes de fruits. Dehors, la forêt est froide et humide.
26 mai 2025
à partir de l’atelier d’écriture de Laura Vasquez du samedi 24 mai, avec Suzanne Doppelt et Fernando Pessoa.