Je suis en train d’écrire un roman.
Je place chaque paragraphe dans Chat GPT pour qu’il me dise ce qu’il en pense. Il (Elle ? Il.) déplace les virgules, double les consonnes, conjugue, allège des tournures qu’il juge lourde. 95% de ce qu’il me propose est pertinent.
Ca me terrifie. Je sens que dans quelques années (mois ?) l’écriture telle qu’on la connaît va disparaître. Elle va se transformer en autre chose.
J’ai toujours l’impression d’être le créateur de ce que j’écris, pour le moment LLM m’assiste plus qu’il ne génère, mais je sens la bascule est proche.
J’ai lu ce matin qu’ “entre la littérature et la vie circule une semblable énergie qui ne bute sur rien, ne s’épuise pas, continue, inventant sans cesse une quête nouvelle dans le labyrinthe du monde.” Beaucoup de ce qui fait notre vie va être remplacée par des machines. En tout cas notre vie culturelle d’humain. Nous restera l’animal.
Mon inquiétude concerne surtout la forme romanesque, avec toutes ses ficelles si facilement copiables (et que j’ai pourtant tant de mal à tirer avec mon petit cerveau). J’ai dans l’idée que la poésie va survivre.
Que peut-on créer, avec des mots, qui soit de l’humain inimitable ; quelque chose que la machine ne pourrait pas reproduire et amélioré ? C’est vers ce mirage qu’il faut tendre.
Il y a le corps, bien sûr.
La marche en montagne, la sueur, le soleil. Les vagues.
Mais les machines auront très bientôt accès à tout ce qui a jamais été écrit sur ces thèmes. Il faut donc écrire ce que très personnellement, très singulièrement, on ressent sur ses sujets. Ecrire absolument avec son moi. Ecrire signé.
J’ai en tête un poème en prose. Une pierre dans un désert qu’une espèce découvre et concasse pour en extraire un minerai précieux.
Quelque chose comme ça.
PS : je me suis gardé de faire corriger ce texte.
4 avril 2025