L’actualité est terrible. Mais c’est une drôle de psychose qui surnage dans le quotidien.

J’avais déjà des histoires à ce sujet, notamment une amie qui a acquis un congélateur – le même que celui que l’on a à la campagne pour conserver le cochon de l’année ou les chevreuils tirés le week-end — et dans lequel elle congèle ses vêtements en rentrant de voyage pour détruire les bestioles. Ou encore cette autre qui a changé de ville et de boulot pour fuir ce cauchemar rampant. Trajectoires de vie.

Mais cette fois-ci, les punaises s’attaquent aux cinémas. On reste chez soi, on annule sa carte d’abonnement. Les réflexes de l’époque Covid reviennent. Les salles sont vides, et les quelques valeureux spectateurs pistent les insectes à la lampe torche.

Je suis allé voir Le Règne Animal dimanche soir. Suis donc resté assis deux heures. Assez de temps pour que ma température baisse et transforme mon sang en nourriture. En sortant, une question : ce film valait-il le risque d’introduire de la vermine chez moi ? Plutôt non, même si des bouts m’ont plu. De retour à la maison, j’ai passé en revue la liste des films visionnés depuis le début d’année et, même si j’ai passé d’agréables moment, peu passent le test de la punaise de lit. Plus généralement, combien d’œuvres d’art valaient-elles vraiment la peine d’être croisées ? Je crois avoir été plus souvent ému par le fait d’être allé voir un concert ou une exposition que par ce qui y était proposé. C’est moins le cas pour les films. Encore moins pour les livres (N.B. : les punaises y pondent).

Intéressant de retourner la réflexion du point de vue de l’artiste : mon prétendu chef d’œuvre vaut-il le temps, l’attention, l’énergie, l’argent, le risque que je demande à mon lectorat ? Oui ? Vraiment ? Le fait d’avoir un besoin, fût-il viscéral, de créer quelque chose implique-t-il nécessairement de le proposer au monde ? Qui  es-tu, bordel de merde, pour réaliser un film de trois heures sur la relation compliquée avec ta mère ; trois heures pendant lesquelles personne ne comprend rien, si ce n’est que tu avais besoin de faire cette merde pour justifier ton ego ? C’était une torture psychologique, presque physique, avant même d’avoir ramené des monstres hématophages chez soi.

Attention, cependant. Il y a d’excellentes œuvres nulles. On ne va pas au cinéma pour y prendre une claque à tous les coups, mais pour y voir se dévoiler une vérité sincère, une vision. Quelque chose qui puisse nous habiller de l’intérieur une fois que l’on aura brûlé nos vêtements.

PS : j’aimerais discuter de façon froide et raisonnée avec un.e admirateur.trice de Romain Duris. Je ne comprends pas. Mon père joue mieux que lui.


16 octobre 2024

écrit le 16 octobre 2023